Comme chaque matin
Je me décide à te raconter
L'espace de dix minutes
Je refais l'inventaire de tout ce qui est et qui va m'arriver
La grisaille infini et abstraite s'offre à moi sans pudeur
Dans une douceur et une violence partagée
Je ne sais pas encore si je dois continuer à me tenir debout
Ou à laisser mes muscles se détendre
Ces quelques gouttes de café avalées
Réveillent en moi ce fossé
Ce trou qui m'aspire
Et me fait suffoquer
Il pleut des silences
Les bruits de ton absence
Pour que ça recommence
Faudra s'emplir d'essence
Je n'ai jamais cru à ce que je voyais distinctement
Quand une image est nette je l'a floute
Je ne veux rien voir sinon m'aveugler
J'avais déjà dans un champ matinal
Avalé la rosée d'un matin délavé
J'étais gelé
Le soleil voilé promené ses rayons
Sur un tapis jaune et orangé
J'étais marbré
À quel moment la feuille se décide, elle a lâché
Petite feuille colorée
Laisse le vent la caresser
Il pleut des silences
Les bruits de ton absence
Pour que ça recommence
Faudra s'emplir d'essence
Il pleut des silences
Les bruits de ton absence
Pour que ça recommence
Faudra s'emplir d'essence