La brise enfle notre voile :
Voici la première étoile
Qui luit ;
Sur le flot qui nous balance,
Amis voguons en silence,
Dans la nuit.
Tous bruits viennent de se taire,
On dirait que tout, sur Terre,
Est mort :
Les Humains comme les Choses,
Les oiseaux comme les roses
Tout s'endort !
Mais la Mer c'est la Vivante,
C'est l'Immensité mouvante
Toujours,
Prenant d'assaut les jetées,
Dédaigneuse des nuitées
Et des jours !...
Hormis Elle, rien n'existe
Que le grand Phare et son triste
Reflet ;
A la place la meilleure,
Mes amis, jetons sur l'heure
Le filet !...
Puis, enroulés dans nos voiles
Le front nu sous les étoiles,
Dormons !
Rêvons en paix profonde,
A tous ceux qu'en ce bas-monde
Nous aimons !
Dormons sur nos goëlettes
Comme en nos bercelonnettes
D'enfants...
Et demain à marée haute
Nous rallierons la Côte,
Triomphants !