Voix sans corps, corps sans
épaisseur et sans poids, visages sans dimensions,
Exisences sans dates. Une vie, la vie,
C'est devenu des signes sur du papier, des
Sillons sur la cire, du noir et du blanc sur dis
Mille écrans, des mots tombant en pluie sur
Cinquante millions de demeures. Notre destin
De chair est absorbé par notre destin d'ombre.
Une mythologie puissante, confuse et baroque,
Naît sur les murs des villes, dans les pages
Des quotidiens, dans la nuit des cinémas, dans
La foule ameutée de meetings. Les mêmes
Mécaniques pubicitaires lancent une marque
D'apéritif et propagent des mots d'ordre d'un
Dictateur. Des visages de boxeurs, de grues,
De chefs d'Etat, obsèdent pêle-mêle les mémoires,
Nourrissent l'exaltation quotidienne.
Tout s'égalise, se confond dans la même
Irréalité émouvante. On ne peut plus distinguer
Les valeurs, les tailles, les rangs.