Au Chili comme à Prague
Toujours la même vague
Toujours les mêmes murs
Bouchant le même azur
Au nom des noms en "isme"
On torture et l'on tue
Dans un même lyrisme
Auquel hélas on s'habitue
Au Chili comme à Prague
Toujours la même dague
Toujours la même mort
Et les mêmes remords
Et toujours la jeunesse
En tête du troupeau
Et la même vieillesse
Pour hériter de son drapeau
Toujours les mêmes larmes
Après les mêmes armes
A Prague comme au Chili
Toujours la même nuit
Et toujours la harangue
Des prophètes sacrés
Dont on coupa la langue
Et qu'on réhabilite après
Et qu'on réhabilite après
Au fond des mêmes tombes
Des mêmes hécatombes
Et les mêmes Jésus
Qui meurent inaperçus
Sur le même calvaire
Avec la même foi
Et qu'on met sous la terre
Dont ils renaissent chaque fois
Toujours les mêmes maîtres
Et les mêmes sous-maîtres
La même hiérarchie
Pour le même gâchis
Toujours l'unique sceptre
Aux mains d'un seul tyran
Et les marches funèbres
Après les marches en avant
Toujours les mêmes gloires
Et les mêmes victoires
Toujours la même paix
Succédant à l'épée
Les mêmes après-guerre
Où l'on croit de nouveau
Que les hommes sont frères
En dehors du froid du tombeau
Puis après les charognes
De nouveau les ivrognes
Balancent entre deux rots
Dans les mêmes bistrots
Les mêmes conneries
Avec le même aplomb
Pour éblouir les filles
Qui ne pensent qu'à leur pognon
Au Chili comme à Prague
Toujours la même vague
Toujours la même nuit
A Prague, ou au Chili.