Des punks à chiens en limousine traversent la campagne de Serbie
De vieux dirigeants yougoslaves leur jettent des hosties
Ils ont le visage de Tito et le corps de Françoise Sagan
Mais ils ressemblent à s'y méprendre à Michel Blanc
Un vieil empereur en porte-jarretelles, la fiole de poppers à la main
Parle à sa cour des privilèges et leur dit "C'est pour demain !"
Et puis là, c'est la déferlante. Des vagues de haine xénophobe
Commencent à dévaster l'Europe et puis après, c'est tout le globe
Chérie, c'est la guerre
Le peuple souffrant de Pologne s'enlise et veut du Vatican
Le Pape est mort et c'est un ex-nazi son remplaçant
Des ecstasies, alors, remplacent la triste culture de l'espoir
Il va falloir faire attention à tous ces cons
Et puis ces images disparaissent et c'est ton visage que je vois
Mais pas dans une vision champêtre ni dans un cadre en bois
En ouvrant ton courrier, tu lis le rapport de l'autopsie
Tu es farcie, pleine d'OGM, mais je m'en fous, je t'aime
Chérie, c'est la guerre
Sous l'Équateur c'est l'accalmie, un jeune dictateur africain
Fait fusiller des journalistes, très tôt, le matin
Deux mille chômeurs vont et viennent. Ils errent, dépossédés
Sans parachute ils vont mourir écrabouillés
Aujourd'hui un grand PDG et son sourire satisfait
Fait un virement au dictateur. Tiens, comment ça s'fait ?
Il aime les femmes comme un prophète, le fouet et les menottes aussi
Il est surpris, déguisé en prêtre, dans une orgie
Chérie, c'est la guerre
Les enfants devant des vidéos se dévorent trente paquets de gâteaux
Ça va leur défoncer les dents, mais ça nous laisse du temps
Pour rester, le dimanche matin, jusqu'à midi tout nus dans le lit
Faire l'amour en haut des rideaux, et puis sur le tapis
Redécouvrir des endroits encore mieux que la fois d'avant
J'oublie toujours comme tu es belle, mais maintenant
Ce que les barbus de soixante-huit redoutaient est arrivé vite.
Il va falloir tout foutre en l'air
Chérie, c'est la guerre