Il y avait des temps et des temps
Qu'je n'm'étais pas servi d'mes dents
Qu'je n'mettais pas d'vin dans mon eau
Ni de charbon dans mon fourneau
Tous les croque-morts, silencieux, me dévoraient déjà des yeux
Ma dernière heure allait sonner, c'est alors que j'ai mal tourné
N'y allant pas par quatre chemins, j'estourbis en un tournemain
En un coup de bûche excessif, un noctambule en or massif
Les chats fourrés, quand ils l'ont su, m'ont posé la patte dessus
Pour m'envoyer à la Santé me refaire une honnêteté
Machin, Chose, Un tel, Une telle, tous ceux du commun des mortels
Furent d'avis que j'aurais dû en bonne justice être pendu
A la lanterne et sur-le-champ, y s'voyaient déjà partageant
Ma corde, en tout bien tout honneur, en guise de porte-bonheur
Au bout d'un siècle, on m'a jeté à la porte de la Santé
Comme je suis sentimental, je retourne au quartier natal
Baissant le nez, rasant les murs, mal à l'aise sur mes fémurs
M'attendant à voir les humains se détourner de mon chemin
Y'en a un qui m'a dit " Salut ! Te revoir, on n'y comptait plus"
Y'en a un qui m'a demandé des nouvelles de ma santé
Lors, j'ai vu qu'il restait encore du monde et du beau monde sur terre
Et j'ai pleuré, le cul par terre, toutes les larmes de mon corps.