J'ai attendu dix ans avant d'atteindre ma forme finale
Le monde n'appartient pas à l'éboueur le plus matinal
J'écris pour ceux qui attendent que la machine s'enraye
Pour faire de mes couplets un règne
Pour mes génies qu'on ne regarde jamais
Même s'ils s'coupaient l'oreille, hein
Au royaume des aveugles, l'argent règne
Quel Dieu tu pries avec des chiffres?
Répéter, répéter, répéter des heures
Travailler, travailler, travailler
Bâtir un empire sans porter de cravate
Chercher la fontaine de Jouvence dans le plus grand désert
J'te l'ai d'jà dit, "J'suis pas rappeur, j'suis artiste"
J'ai grandi trop vite, les deux doigts dans la prise
Le fils d'un père bizarre, et d'une maman triste
Des nuits blanches à repenser ma matière grise
Élevé au rythme des verres qui cassent
Des assiettes qui volent, des couteaux dans le dos
J'ai même pas lâché une goutte d'eau
Sur toutes ces photos de vie, jaunes
Quand la vie force à être perspicace
Devenu adulte juste un peu trop tôt
Cette fois, c'est que pour l'amour de l'art
Rien à foutre, si vous ne me validez pas
J'irai suivre le chemin que les plus ridés tracent
J'ai fermé la bouche, mais j'ai tout dit
J'étudie la lumière qui s'reflète à jamais
Dans l'fond de la Galerie des Glaces
Proche des enfants maudits dans les taudis
Des destins enlevés dans les tueries de masse
J'touche un peu l'histoire, dès qu'j'unis des phrases
Plus j'avance, moins j'connais d'hommes plus fidèles
Que mon canidé d'race
Qui va écrire quoi? Qui va penser quoi?
T'façon Internet, c'est l'paradis des crasses
J'ai peu confiance en l'Homme, j'suis d'nature solitaire
J'appelle pas le 17, en cas de bavure policière (Black Amadeus)
On change pas l'monde, c'est que du son
Tout c'qui monte peut redescendre
En chacun de nous dort un phœnix qui renaît des cendres
J'arrive avant que le piano reparte
Mon cœur est tout noir, comme le drapeau des spartes
À l'échelle du temps
Nos empires ne sont que des châteaux de cartes
J'le f'rai, tant qu'la Terre tourne encore
Pour la beauté du geste, j'vais le faire pour le sport
Pour l'amour d'la compét'
Au cœur de la tempête, on défie les trompettes de la mort
On d'vient des phénomènes en six mois
Le ciment devient si noir
L'avenir c'est à moi
J'porte mes frères en moi comme siamois
Avec mes démons j'fais d'l'escrime
Les streams font pas le talent, le talent fait pas les streams
Plus j'grandis, plus j'ai horreur du réel
Sous les aurores boréales
J'ai vu le diable fumer sans auréole
Camouflé comme un caméléon, comment calmer les ombres?
Combien diront qu'tu as tort?
Une fois que t'auras mis tout l'monde d'accord
Ils diront qu't'avais raison
Mais peu importe
À part nous-mêmes, qui nous aide?
Tu prenais plus d'nouvelles
Quand y avait sept personnes au concert
La daronne faisait les poubelles
Prête à tout pour une boîte de conserve
J'écris pour ceux qui tournent en rond sur les bords du vinyle
Pour mes âmes anciennes dans des corps juvéniles
Pilule bleue ou rouge, un agent t'élimine
J'écris pas pour ceux qui rabaissent la gente féminine
Parfois les fantômes du passé me rendent visite
On oublie jamais toutes les douleurs invisibles
À l'échelle du temps, si morose
Je ne suis qu'une fraction d'seconde
Crois en toi et va au bout des choses
Avant l'extinction d'ce monde
Le soleil n'est qu'une petite décharge
La lune n'est qu'un croissant pour l'homme
Alors écoute-toi, quitte à finir dans la marge
C'est nous les reines sans royaume, et les rois sans couronne