Je me permet de convoquer
Les quelques muses que je taquine
J'en profiterai pour évoquer
Les éternelles pas féminines
Les grosses, les moches mal fagotées
Qu'on voit pas dans les magazines
Boulets des canons de la beauté
Les éternelles pas féminines
Je veux chanter les tartes
Les exclues du mystère
Les rayées de la carte
Qu'elle lisent à l'envers
Je veux chanter ces filles
Oubliées des fantasmes
Et des talons aiguilles
Mais jamais des sarcasmes
Les sauvages et les frustes
Qui ne parlent qu'en juron
Et celles qui font juste
Comme les hommes font
Ça se fait pas
C'est pas bien
Quand on est une femme
Ça se fait pas
C'est pas bien
C'est pas féminin
Madame
Celles qui ne sont ni belles ni bonnes
Celles qui ne mettent jamais de ballerines
Celles qui ne viennent pas quand on les sonne
Les éternelles pas féminines
Les mal-baisées les pas baisables
Les bonnes sœurs et autres gouines
Sont elles femmes moins véritables
Les éternelles pas féminines
Oh qu'elles soient louées
Sur le temps des comères
Dans la langue salée
Comparées aux poissonnières
Ô gloire à toutes celles
Qui conduisent le bal
Qui font mal la vaisselle
Et qui rasent pas leurs poils
À celles qui se foutent
Du bonheur d'être mère
Et qui prennent la route
D'une vie singulière
Ça se fait pas
C'est pas bien
Quand on est une femme
Ça se fait pas
C'est pas bien
C'est pas féminin
Madame
Il vous aura pas échappé
Que dans le portrait que je dessine
Qu'un peu de moi s'y est glissé
En éternelle pas féminine
Depuis toujours en pantalon
Le doigt souvent dans la narine
Car je suis sans contrefaçons
Une éternelle pas féminine
Car je suis sans contrefaçons
Une éternelle pas féminine