Ils ont déjà mis leur costume et leurs plus beaux souliers cirés
Quand selon les us et coutumes, les cloches se mettent à sonner
Chacun procède à sa manière pour faire son vin ou ses enfants
Mais c'est une toute autre affaire de réussir un enterrement
Alléluia, alléluia, alléluia, alléluia
Il faut savoir devant l'église, battre en retraite prudemment
En direction de Marie-Louise qui vous démarre au petit blanc
Voilà Pierrot et l'oncle Eugène, la casquette comme étendard
Le petit blanc devient douzaine avec Léon, Jules et Gaspard
Alléluia, alléluia, alléluia, alléluia
Pour peu que le "de profundis" arrive un quart d'heure en retard
On est au huitième pastis à la sortie du corbillard
Et sur la route cahoteuse, comme il n'est pas loin de midi
On se sent bientôt la dent creuse, la mort vous met en appétit
Alléluia, alléluia, alléluia, alléluia
Les saucissons fondent à vue d'œil, les langues claquent avec entrain
Souviens-toi du bois du cercueil, du frère de la tante au cousin
Souviens-toi des temps mémorables qu'on n'a jamais pu égaler
Où l'on resta trois jours à table à cause de trois macchabées
Alléluia, alléluia, alléluia, alléluia
Mais dans ce monde de misère, le bonheur est vite enterré
Il faut regagner sa chaumière, retrouver sa femme atterrée
En voyant l'état du costume et du bonhomme et des souliers
À la maison comme de coutume, les cloches se mettent à voler
Alléluia, alléluia, alléluia, alléluia.