La brume, haleine de la terre
Couve un hiver qui s'invétère
Les vignes s'avancent en proues
Le rouge se rappelle au roux
Et la grappe le pampre
En novembre
La terre d'ombre de brumaire
Fait raciner la cinéraire
Epouse un chrysanthème en fleurs
L'automne reprend ses couleurs
D'ocre, de rouille et d'ambre
En novembre
Chez soi, douillet, on s'emmitoufle
On traîne sa flemme en pantoufles
La Moire ailleurs joue l'hallali
La vie ne tient plus qu'à un lit
Et aux murs d'une chambre
En novembre
Sonne l'exit de l'existence
L'heure de la mise en instance
Le cœur prend son ultime essor
Mais le corps n'a plus de ressort
Soudain tout se démembre
En novembre
Le temps qu'une langueur vous prenne
Qu'une mélancolie pérenne
Se mêle à un manque d'allant
C'est alors que l'esprit dolent
Du chagrin se remembre
En novembre
Dire qu'en ville on commémore
Devant le dernier matamore
Le cent dixième dénouement
De la guerre et qu'au monument
On y brait Meuse et Sambre
En novembre
On se retrouve après la brume
Avec la grippe, avec un rhume
La goutte à l'œil, enchifrené
On attend la fin de l'année
On espère décembre
En novembre