Maman s'il te plaît, je veux savoir si tu m'aimes
Aime plus fort, j't'entends pas
Maman s'il te plaît, je veux savoir si tu m'aimes
Aime plus fort, j't'entends pas
Je suis dans le ventre d'une femme enceinte
Et j'suis même pas encore un enfant, j'entend mes parents se plaindre
Pendant ce temps je suis en quarantaine
De trente à quarante semaines en attendant que je vienne
Déjà commence la peine
C'est l'abandon du père et la sentence d'une mère
Mais moi comment je vais faire s'il s'en va
J'ai pas de demandé à naître sur du ciment froid
Est-ce que t'entends cette voix : maman, j'ai faim, j'ai froid, je tremble, mais
Hélas tu n'entends plus rien
J'ai six ans, assis sur le ciment, avec une craie tu cries pour que je rentre mais vois tu pas que j't'ai écrit?
Maman s'il te plaît, je veux savoir si tu m'aimes
Aime plus fort, j't'entends pas
Maman s'il te plaît, je veux savoir si tu m'aimes
Aime plus fort, j't'entends pas
Ça fait longtemps que mon père est parti, un autre homme a pris sa place
Austère comme l'automne, quand je l'appelle papi ça l'agace
L'étranger est maintenant l'homme qui me frappe
Il est amateur de karaté et moi...un punching bag
Aucune connexion, dans les photos je suis toujours à part
Pire que ça, il veut que je bouge de l'apart
J'ai pas d'ami, les garderies me rejettent
Je suis incompris, même les gardiennes rient quand je bégaye
J'essaie de dire mon nom sans bégayer
Mais, mais, mais... comme un CD enrayé
Mon cd mon cœur gravé comme un peuplier
Mais je refuse d'être le saule-pleureur je ne peux plier
Je dois être fort, je suis tout ce qu'il me reste
A genoux autour d'une bougie presque éteinte
Les jours après je vois des gens qui viennent
Une femme qui prend mon linge, l'État qui me prend en main
Maman s'il te plaît, je veux savoir si tu m'aimes
Aime plus fort, j't'entends pas
Maman s'il te plaît, je veux savoir si tu m'aimes
Aime plus fort, j't'entends pas
À sept ans, je suis en centre d'accueil
À plein temps, acceptant le sort, je suis le porc avec une pomme dans la gueule
Mon école est dans un hôpital psychiatrique
A cause du zézaiement, du bégaiement et le refoulement de mes démons
Maman tu ne veux plus m'aider, maintenant je crie médé médé, les médecins me disent mêlé
Mais l'élément qui manque c'est le mot aimer
Une vingtaine d'années plus tard
Pas indemne, je saigne à l'interne, c'est la même peine pour aller nulle part
J'sens qu'un miroir se dresse dans ma mémoire qui se lève
Endormez-moi que je rêve, je suis tanné de me voir
Donc je vis avec une carapace
Petit comme dans des maracas, enfin libre dans ce paragraphe
Maintenant j'ai ma famille, j'ai appris à vivre par attachement
Ma thérapie c'est dire ce qui m'agace
Et non, j'suis pas le fils d'un bâtard mais le fruit du karma
Tout ce que j'ai dit c'est la vie de Drama