Que veux-tu que je te dise
De Narbonne, de ses églises
Maman ?
C'est pour moi quand j'm'y retrouve
Comme un p'tit Musée du Louvre
Charmant
Le long du quai de Lorraine
En rêvant je me promène
Sans hâte
Je rencontre alors mon âme
Qui s'éleva chez Madame
Meinrat
Oui, la place des Quatre-Fontaines
Est partie ton ton tontaine,
Mais quand ?
À droite, vivant chez elle
Y'a toujours Mademoiselle
Bascans
La maison sans locataire
Est devenue bien solitaire
Viens-y
Elle a toujours sa vieille mine
Comme en face d'celle de la Line
Ouzy
Les trains passent et repassent
Comme dans le temps espace
Jadis,
Où tantoune, bonne oreille
S'écriait : << Voici Marseille,
Trains bis ! >>
Le vent souffle à perdre haleine
Et la nuit il se déchaîne
Souvent
Sous l'manteau des cheminées
Comme au temps de tes années
D'couvent
Des anciens amis le nombre
Se profile, j'en vois les ombres
Feutrées
Attendant devant la porte
Dans un bal de feuilles mortes
<< Entrez ! >>
Voici l'fringant capitaine
Et son carcan sur bedaine
Bien court
Et ce doux clerc de notaire
Tous deux revenus pour te faire
La cour
Mais toi tu joues les coquettes
Et tu changes de toilette
Quelle mue !
Tu reviens avec des tasses
De thé que parfois l'on casse
Ému
Au piano, c'est formidable
Le duo de Robert le Diable
Tu chantes
Mais grand mère te reproche
D'engloutir les doubles croches
Méchante !
Si tu n'aimes plus Narbonne
Comprends que je m'abandonne
Parfois
À son charme millénaire
À son sourire débonnaire
Et j'crois
Que mon vœu sera sans doute
Quand j'aurais fini ma route
Celui
De dormir au cimetière
Près de toi petite mère
Sans bruit