Il y a bien longtemps, dans les Préalpes verdoyantes
Régnait un homme humble et bon
Jamais corrompu par sa richesse abondante
Et respecté jusqu'à l'horizon
Vivant simplement, sans orgueil ni ambitions
Honorant la terre de ses aïeux
Aucune infortune n'arrivait entre ses monts
Et cela rendait l'homme heureux
Mais seul un nuage noir obscurcissait ses cieux
Son fils effronté, fier et orgueilleux
Celui-ci rêvait déjà de richesse et de gloire
De vivre comme un roi sur les vallées de son père
L'homme inquiet, à l'aube de sa mort
Dit à son fils dans un ultime effort
<<Vois, Ubald, la terre que j'ai chérie
Le travail de mes mains que le bon Dieu a béni
Fils, écoute-moi, tu te dois d'être bon
De respecter la nature, ses êtres et ses dons
Ne laisse pas la richesse corrompre ta vie>>
Et en entendant ces mots, son fils le promit
Vallée aux flancs de vives forêts
De prairies verdoyantes que la misère aura toujours épargnée
Vois l'horizon revêtir son habit noir
Le vent se lève, un furieux orage se prépare
Les mois qui suivirent, le fils resta pieux et sage
Honorant sa parole donnée
Mais bientôt les cieux se couvrirent des noirs nuages
De l'oubli et de l'avidité
Le fils devenu chasseur dépeupla les bois de leur gibier
Les animaux fuirent vers d'autres vallées
Où la mort ne viendrait plus les chercher
Semant la peur autour de lui, Ubald inquiétait les gens de son pays
Sur le plus haut sommet, un château fut construit
Ubald y mit son trône et tout son or terni
Des braves paysans, il fit des serviteurs
Privés de leurs terres et ferrés par la peur
Les coutumes et les rites du temps de ses aïeuls
Le fils les interdit. Il les jugeait oiseux
Puis en voyant la ruine de la vallée sous ses yeux
Il maudit ses sujets, son père et son Dieu
Vallée aux flancs de mornes forêts
De prairies à la vie passée dont la misère est venue s'emparer
Vois l'orage dévaster la terre
Un vent hurlant ravage le pays jadis prospère
Puis un beau jour d'été, recouvrant le soleil
Apparurent des nuages d'une noirceur sans pareil
Tel la colère du divin s'abattant sur la terre
La vallée fût frappée par un orage délétère
La pluie, le vent, la grêle, et le tonnerre enragé
Emportèrent le château tout en bas dans la vallée
Et les torrents rugissants, quelques heures plus tard
Engloutirent l'Orgueil sous les eaux d'un Lac Noir
Vallée aux flancs de bois abreuvés
De prairies fleurissantes où la vie est revenue rayonner
Vois l'orage régénérer la terre
Un vent nouveau souffle sur une nouvelle ère