La mort des amants
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères
Des divans profonds comme des tombeaux
Et d'étranges fleurs sur des étagères
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux
Un soir fait de rose et de bleu mystique
Nous échangerons un éclair unique
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes
Viendra ranimer, fidèle et joyeux
Les miroirs ternis et les flammes mortes
Le revenant
Comme les anges à l'oeil fauve
Je reviendrai dans ton alcôve
Et vers toi glisserai sans bruit
Avec les ombres de la nuit
Et je te donnerai, ma brune
Des baisers froids comme la lune
Et des caresses de serpent
Autour d'une fosse rampant
Quand viendra le matin livide
Tu trouveras ma place vide
Où jusqu'au soir il fera froid
Comme d'autres par la tendresse
Sur ta vie et sur ta jeunesse
Moi, je veux régner par l'effroi
Elévation
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins
Celui dont les pensers, comme des alouettes
Vers les cieux le matin prennent un libre essor
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !